L’affaire Georgiou : répercussions juridiques inédites de la Statistique
Résumé
La saga de la crise financière sévissant en Grèce depuis 2009 est à tel point connue qu’un rappel des faits qui l’émaillent s’avère superflu. Néanmoins, un aspect de cette histoire a fait moins parler en France : il s’agit de l’histoire rocambolesque de l’ancien directeur de l’Autorité statistique grecque (ELSTAT), Andréas Georgiou. En Grèce, son nom a été associé à la révélation du chiffre réel du déficit public en novembre 2010, qui a été estimé à 15,4 % du PIB. Si ce chiffre représentait pour certains l’image ternie de l’économie hellénique des années 2000, à laquelle il fallait à tout prix remédier, pour d’autres elle constituait la preuve d’un effort orchestré à l’intérieur et à l’extérieur du pays tendant à soumettre le peuple grec au « cauchemar » économique des programmes de sauvetage. On aurait pu imaginer que ces allégations relèvent des théories du complot bien ancrées dans les sociétés en temps de crise, et n’aient pas de suite. Or, il n’en fut rien. À cause de la révélation du chiffre du déficit public, A. Georgiou a été mis en examen en janvier 2013 pour fausse attestation, ayant provoqué un préjudice supérieur à 150,000 € à l’État grec ; une accusation qui pourrait aboutir à l’imposition d’une peine d’emprisonnement à perpétuité.